Face à la multitude de diplômes proposés dans l’enseignement supérieur français et international, vous pouvez rapidement vous sentir désorienté. La distinction entre un Master et un Mastère, ou encore entre un MSc et un MS, n’est pas toujours évidente. Cette complexité peut compliquer vos choix d’orientation ou de reconversion professionnelle. Nous avons conçu ce guide pour vous aider à décrypter les spécificités de chaque formation et vous permettre de faire un choix éclairé correspondant à vos ambitions.
Table des matieres
Comprendre le système des diplômes de l’enseignement supérieur
Le système LMD (Licence-Master-Doctorat) constitue l’architecture fondamentale de l’enseignement supérieur français. Cette réforme, mise en place pour harmoniser les diplômes à l’échelle européenne, repose sur l’accumulation de crédits ECTS (European Credit Transfer System). Chaque semestre validé permet d’acquérir 30 crédits ECTS, soit 180 pour une Licence (Bac+3), 120 supplémentaires pour un Master (Bac+5) et 180 de plus pour un Doctorat (Bac+8).
La distinction entre diplômes nationaux et diplômes d’établissement s’avère essentielle. Les premiers, comme la Licence ou le Master, sont délivrés par l’État et bénéficient d’une reconnaissance automatique. Les seconds, propres à chaque école, tirent leur valeur de la réputation de l’établissement qui les délivre. La reconnaissance officielle peut prendre différentes formes : l’inscription au RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles), le visa de l’État ou l’attribution d’un grade universitaire (licence ou master).
Le Bachelor : formation professionnalisante de niveau Bac+3
Le Bachelor représente une alternative aux formations universitaires classiques. Ce diplôme d’établissement, d’une durée de trois ans, se caractérise par son approche professionnalisante et sa pédagogie orientée vers l’acquisition de compétences pratiques. Vous y trouverez généralement des stages longs, des projets concrets et parfois des périodes d’études à l’étranger.
Tous les Bachelors ne se valent pas en termes de reconnaissance. Certains sont “visés par l’État”, garantissant un contrôle de la qualité pédagogique par le ministère de l’Enseignement supérieur. Les plus prestigieux confèrent même le grade de licence, permettant une poursuite d’études en Master universitaire. Les Bachelors non reconnus peuvent néanmoins avoir une excellente réputation dans leur secteur d’activité. Ces formations se développent particulièrement dans les domaines du commerce, du management, du numérique et du design, offrant des débouchés variés en entreprise ou en poursuite d’études.
Le Master : diplôme national de niveau Bac+5
Le Master constitue le diplôme de référence au niveau Bac+5 dans le système universitaire français. Cette formation de deux ans après la licence s’organise en M1 (première année) et M2 (seconde année), chacune validant 60 crédits ECTS. Le Master se distingue par sa dimension académique et sa reconnaissance nationale et internationale automatique.
L’accès au M1 devient de plus en plus sélectif, avec un processus d’admission sur dossier et parfois entretien. Le M2 propose généralement une spécialisation poussée, orientée recherche ou professionnelle. Le Master ouvre naturellement la voie au doctorat pour ceux qui souhaitent poursuivre dans la recherche. Sa structure peut varier selon les établissements : certains proposent des cours théoriques concentrés sur le premier semestre de M2, suivi d’un mémoire de recherche au second semestre. D’autres intègrent des stages longs en entreprise, particulièrement dans les filières professionnalisantes.
Le Mastère : formation spécialisée des écoles privées
Le terme “Mastère” (avec un è) désigne un diplôme d’établissement proposé par des écoles privées, souvent dans des domaines spécifiques comme le marketing digital, la communication ou le management. Contrairement au Master (avec un e), il ne s’agit pas d’un diplôme national mais d’une certification propre à l’école qui le délivre.
La valeur d’un Mastère sur le marché du travail dépend essentiellement de la réputation de l’établissement qui le propose. Ces formations sont généralement accessibles après un Bac+3 et durent entre un et deux ans. Elles se concentrent sur l’acquisition de compétences professionnelles ciblées et incluent souvent des périodes significatives en entreprise. Avant de vous engager dans un Mastère, nous vous recommandons de vérifier sa reconnaissance par les professionnels du secteur visé et d’examiner les débouchés réels des promotions précédentes.
Le Mastère Spécialisé (MS) : label d’excellence post-Bac+5
Le Mastère Spécialisé (MS) représente un label créé en 1983 par la Conférence des Grandes Écoles (CGE). Cette formation de haut niveau s’adresse principalement aux titulaires d’un diplôme de niveau Bac+5 (Master ou diplôme d’ingénieur) ou Bac+4 avec trois ans d’expérience professionnelle. Le MS confère un niveau Bac+6 et vise à développer une expertise pointue dans un domaine spécifique.
D’une durée d’un an, le MS se compose généralement de cours théoriques suivis d’une mission professionnelle de 4 à 6 mois en entreprise. Sa vocation est double : permettre l’acquisition d’une spécialisation avancée ou d’une double compétence (par exemple, un ingénieur souhaitant acquérir des compétences en management). Selon la CGE, les diplômés de MS bénéficient d’une excellente insertion professionnelle, avec 85,8% des diplômés en emploi, dont 84,2% en CDI et 86,4% avec un statut cadre pour la promotion 2023.
Le Master of Science (MSc) : formation internationale spécialisée
Le Master of Science (MSc) est un label créé en 2002 par la Conférence des Grandes Écoles, à ne pas confondre avec la dénomination anglo-saxonne utilisée plus librement par certaines écoles françaises. Cette formation s’adresse aux titulaires d’un Bac+3 ou Bac+4 et valide un niveau Bac+5. Sa particularité réside dans son orientation internationale marquée.
Le MSc se caractérise par un enseignement majoritairement dispensé en anglais (78% des formations selon la CGE) et un environnement pédagogique multiculturel. On compte aujourd’hui plus de 150 MSc en France, répartis entre écoles de management (75%) et écoles d’ingénieurs (25%). Le cursus comprend généralement une mission en entreprise d’au moins quatre mois. Cette formation convient particulièrement aux étudiants visant une carrière internationale ou souhaitant acquérir une expertise dans un domaine spécifique avec une dimension globale.
Le MBA (Master of Business Administration) : formation d’excellence en management
Le MBA constitue une formation de référence mondiale dans le domaine du management et de l’administration des affaires. Contrairement aux autres diplômes mentionnés, le MBA s’adresse principalement aux professionnels expérimentés souhaitant accélérer leur carrière ou opérer une reconversion. La plupart des programmes exigent entre 3 et 5 ans d’expérience professionnelle.
La qualité d’un MBA se mesure notamment par ses accréditations internationales. Les plus prestigieuses sont délivrées par l’AMBA (Association of MBAs), l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) et EQUIS (European Quality Improvement System). L’accréditation AMBA, particulièrement sélective, n’est obtenue que par 3% des business schools mondiales. Un MBA accrédité garantit un contenu pédagogique pertinent et une reconnaissance internationale. Ces formations, souvent coûteuses, offrent en contrepartie un réseau professionnel puissant et des perspectives d’évolution significatives.
Critères de choix : comment sélectionner la formation adaptée à votre projet
Pour choisir la formation qui correspond le mieux à votre projet, nous vous conseillons d’analyser plusieurs critères clés. Commencez par définir précisément votre projet professionnel : quel métier visez-vous ? Dans quel secteur ? Avec quelles responsabilités ? Cette réflexion vous aidera à identifier les compétences à acquérir et donc le type de formation à privilégier.
Prenez en compte votre niveau d’études actuel et votre expérience professionnelle, qui détermineront les formations auxquelles vous pouvez prétendre. Évaluez également votre budget, car les frais de scolarité varient considérablement d’une formation à l’autre. L’alternance peut constituer une solution de financement intéressante, permettant de combiner acquisition de compétences et rémunération. Enfin, si vous avez des aspirations internationales, orientez-vous vers des formations reconnues à l’étranger ou dispensées en anglais, comme les MSc ou certains MBA.
Reconnaissance et valeur des diplômes sur le marché du travail
La valeur d’un diplôme sur le marché du travail dépend de multiples facteurs. Les diplômes nationaux (Licence, Master) bénéficient d’une reconnaissance automatique, tandis que les diplômes d’établissement tirent leur valeur de la réputation de l’école et des accréditations obtenues. L’inscription au RNCP constitue un gage de reconnaissance professionnelle.
Les recruteurs français accordent traditionnellement une grande importance au niveau de diplôme. Selon l’OCDE, le taux d’emploi des 25-34 ans sans diplôme du second cycle secondaire n’est que de 54% en France, contre 78% pour les diplômés du secondaire et 88% pour ceux de l’enseignement supérieur. Les diplômés des grandes écoles atteignent même 95,2% d’insertion professionnelle. Cependant, cette tendance évolue : les études montrent que la proportion d’offres d’emploi exigeant une qualification particulière diminue progressivement, au profit des compétences et de l’expérience. Le réseau d’alumni et la réputation de l’établissement jouent un rôle croissant dans l’insertion professionnelle.
Les nouvelles tendances dans l’enseignement supérieur
L’enseignement supérieur connaît actuellement des transformations majeures. La digitalisation des formations s’accélère, avec le développement de cursus hybrides mêlant présentiel et distanciel. Cette évolution répond aux besoins de flexibilité des étudiants et des professionnels en reconversion.
Nous observons l’émergence de micro-certifications permettant d’acquérir des compétences ciblées en complément des diplômes traditionnels. L’alternance gagne du terrain dans tous les niveaux de formation, y compris en Master et MSc, facilitant l’insertion professionnelle. Les soft skills (compétences comportementales) prennent une place croissante dans les programmes, répondant aux attentes des employeurs qui recherchent des profils adaptables et collaboratifs. Ces évolutions reflètent un monde professionnel en mutation rapide, où l’apprentissage tout au long de la vie devient la norme plutôt que l’exception.