AESH : ce qu’il ne faut pas faire dans l’accompagnement des élèves en situation de handicap

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En France, près de 136 000 Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap (AESH) œuvrent quotidiennement pour rendre l’école accessible à tous. Ces professionnels constituent le pilier de l’inclusion scolaire, permettant à plus de 430 000 élèves en situation de handicap de suivre une scolarité adaptée à leurs besoins. Leur mission : favoriser l’autonomie et compenser le handicap sans entraver le développement de l’enfant. Pourtant, certaines pratiques d’accompagnement, souvent adoptées avec les meilleures intentions, peuvent nuire à l’épanouissement et à l’autonomie des élèves. Nous avons identifié ces écueils à éviter pour garantir un accompagnement véritablement émancipateur.

Le métier d’accompagnant et ses enjeux dans l’école inclusive

Les AESH sont des personnels sous contrat de droit public ayant pour mission fondamentale de favoriser l’autonomie des élèves en situation de handicap. Leur action s’articule autour de trois domaines essentiels : l’aide aux actes de la vie quotidienne (déplacements, installation, prise de repas, hygiène), le soutien aux activités d’apprentissage (compréhension des consignes, prise de notes, utilisation de supports adaptés), et la facilitation de la socialisation (intégration au groupe, communication avec les pairs et l’équipe éducative).

L’accompagnement peut prendre trois formes distinctes selon les besoins identifiés par la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH). L’AESH individuel (AESH-i) accompagne un seul élève nécessitant une attention soutenue et continue. L’AESH mutualisé (AESH-m) intervient auprès de plusieurs élèves dont les besoins d’accompagnement sont ponctuels. Enfin, l’AESH collectif (AESH-co) travaille au sein des Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire (ULIS), sous la responsabilité de l’enseignant coordonnateur, pour accompagner l’ensemble des élèves du dispositif.

Surprotection et assistance excessive : des obstacles à l’autonomie

La tentation de surprotéger un élève en situation de handicap constitue l’un des principaux écueils du métier d’AESH. Une aide trop présente ou systématique peut paradoxalement entraver le développement de l’autonomie, objectif pourtant central de l’accompagnement. Comme le soulignent les référentiels professionnels, l’accompagnement doit être pensé comme temporaire et compensatoire, avec pour horizon sa diminution progressive voire sa disparition.

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Voici les comportements de surprotection à proscrire absolument :

  • Créer une relation exclusive entre l’élève et l’AESH, faisant écran entre l’enfant et son environnement scolaire
  • Faire à la place de l’élève des tâches qu’il pourrait accomplir seul, même partiellement ou lentement
  • Anticiper systématiquement les besoins sans laisser à l’élève l’opportunité d’exprimer ses demandes
  • Intervenir avant que l’élève n’ait tenté de résoudre seul une difficulté
  • Maintenir une présence constante auprès de l’élève, y compris lors des temps de socialisation
  • Privilégier l’efficacité immédiate au détriment de l’apprentissage de l’autonomie à long terme

Pratiques pédagogiques inadaptées à proscrire

Dans le domaine pédagogique, certaines approches peuvent compromettre l’efficacité de l’accompagnement et limiter les progrès de l’élève. L’erreur fondamentale consiste à confondre accompagnement et substitution. L’AESH ne doit pas réaliser le travail à la place de l’élève mais lui donner les moyens de participer activement aux apprentissages selon ses capacités.

Une autre erreur courante réside dans l’absence de fractionnement des tâches complexes. Face à une activité que l’élève perçoit comme insurmontable, l’AESH doit savoir la décomposer en étapes accessibles plutôt que de la simplifier excessivement ou de l’accomplir pour l’élève. Ne pas adapter les supports ou ignorer les aménagements pédagogiques prévus dans le Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) constitue une autre pratique préjudiciable.

Pratiques inadaptéesAlternatives constructives
Faire le travail à la place de l’élèveGuider l’élève étape par étape en l’encourageant à réaliser lui-même la tâche
Proposer des activités trop simples ou déconnectéesAdapter l’activité de la classe en concertation avec l’enseignant
Ne pas laisser l’élève faire des erreursAccepter l’erreur comme partie intégrante du processus d’apprentissage
Surcharger l’élève d’informationsFractionner les tâches et les consignes en étapes accessibles

Les écueils dans la communication avec les jeunes accompagnés

La qualité de la communication avec l’élève en situation de handicap détermine l’efficacité de l’accompagnement. Or, plusieurs erreurs peuvent entraver cette communication essentielle. L’utilisation de consignes trop complexes, longues ou abstraites représente un obstacle majeur à la compréhension, surtout pour les élèves présentant des troubles cognitifs ou du langage.

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L’absence de supports visuels (pictogrammes, schémas, images) prive certains élèves d’un canal de communication indispensable. Ne pas respecter le temps de réflexion nécessaire à l’élève constitue une autre erreur fréquente. Un temps de latence d’une dizaine de secondes peut s’avérer nécessaire pour certains élèves avant de pouvoir traiter l’information et formuler une réponse. Précipiter l’élève peut générer stress et blocage, compromettant sa participation et sa confiance en lui. L’utilisation d’un langage infantilisant ou, à l’inverse, trop technique sans adaptation au niveau de compréhension de l’élève représente un écueil supplémentaire dans la communication.

Défauts de collaboration nuisant à l’accompagnement

Un accompagnement efficace repose sur une collaboration étroite entre l’AESH et l’équipe pédagogique. Malheureusement, cette collaboration fait parfois défaut, au détriment de l’élève accompagné. Le manque de temps d’échange formalisé entre enseignants et AESH constitue un obstacle majeur à la cohérence des interventions. Sans concertation préalable sur les objectifs pédagogiques, les adaptations nécessaires et la répartition des rôles, l’accompagnement perd en pertinence et en efficacité.

La non-intégration de l’AESH aux équipes éducatives et aux réunions de suivi représente une autre faille significative. Pourtant, les observations quotidiennes de l’accompagnant offrent des informations précieuses pour affiner l’analyse des besoins de l’élève et ajuster les adaptations pédagogiques. La mise en œuvre d’adaptations sans concertation avec l’enseignant risque de créer des incohérences préjudiciables à l’élève. Tout aménagement doit s’inscrire dans une démarche collective, formalisée dans le Projet Personnalisé de Scolarisation.

La confusion des frontières professionnelles à éviter

La délimitation claire des rôles professionnels constitue un enjeu majeur dans l’accompagnement des élèves en situation de handicap. L’AESH doit éviter d’empiéter sur les prérogatives des autres professionnels intervenant auprès de l’élève. Seul l’enseignant demeure garant de la réussite scolaire et responsable des choix pédagogiques, tandis que l’AESH contribue à rendre accessible la scolarité en compensant le handicap.

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Les confusions de rôles surviennent dans diverses situations. Par exemple, l’AESH n’a pas vocation à se substituer aux professionnels de santé pour administrer des soins médicaux (sauf mention explicite dans un PAI), effectuer des actes de kinésithérapie ou poser un diagnostic. De même, l’AESH n’est ni un éducateur spécialisé, ni un psychologue, ni une assistante sociale. Concrètement, l’AESH ne doit pas concevoir lui-même les adaptations pédagogiques, décider seul des dispenses d’activités ou modifier les objectifs d’apprentissage fixés par l’enseignant.

Solutions standardisées versus besoins individuels

L’application de solutions standardisées sans considération des besoins spécifiques de chaque élève représente une erreur fondamentale dans l’accompagnement. La tendance à proposer des réponses uniformes à des situations pourtant singulières néglige la diversité des profils et des besoins. Chaque élève présente une combinaison unique de capacités, de difficultés et d’aspirations qui nécessite une approche personnalisée.

L’exemple du tiers-temps, souvent considéré comme une solution universelle pour les élèves en situation de handicap, illustre ce problème. Certains élèves peuvent avoir besoin d’aménagements différents ou complémentaires : fractionnement des épreuves, supports adaptés, assistance humaine ciblée. Une analyse fine des besoins individuels, réalisée en équipe pluridisciplinaire et formalisée dans le GEVA-Sco (Guide d’ÉVAluation des besoins de compensation en matière de SCOlarisation), doit précéder toute mise en œuvre d’adaptations.

Recommandations pour un accompagnement respectueux et efficace

Face aux écueils identifiés, nous proposons une série de recommandations pour un accompagnement à la fois respectueux et efficace des élèves en situation de handicap :

  • Adopter une présence discrète mais active, en trouvant l’équilibre entre soutien nécessaire et développement de l’autonomie
  • Valoriser systématiquement les réussites et les progrès de l’élève pour renforcer son estime de soi
  • Adapter son langage aux capacités de compréhension de l’élève, en privilégiant des consignes simples, précises et séquencées
  • Utiliser des supports visuels complémentaires (images, pictogrammes) pour faciliter la compréhension
  • Respecter le temps de réflexion nécessaire à l’élève avant d’intervenir
  • Préparer les adaptations en concertation avec l’enseignant, en s’appuyant sur le PPS
  • Participer activement aux réunions d’équipe de suivi de scolarisation pour partager ses observations
  • Maintenir une communication régulière avec l’ensemble des professionnels impliqués
  • Encourager et faciliter les interactions sociales avec les pairs sans s’interposer
  • Développer une connaissance fine du handicap spécifique de l’élève tout en considérant sa personnalité unique

L’efficacité de l’accompagnement repose sur un subtil équilibre entre compensation du handicap et promotion de l’autonomie. Véritables artisans de l’inclusion scolaire, les AESH contribuent, par leur professionnalisme et leur engagement, à transformer l’école pour la rendre accessible à tous les élèves, dans leur diversité et leur singularité.

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LP Thimonnier

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